dimanche 4 mai 2014

Lectures analytiques de « le Soleil », Tableaux parisiens, Les fleurs du mal, Charles Baudelaire.

La définition baudelairienne Bernard poétique.

Le soleil

Le long du vieux faubourg, où pendent aux masures
Les persiennes, abri des secrètes luxures,
Quand le
soleil cruel frappe à traits redoublés
Sur la ville et les champs, sur les toits et les blés,
Je vais m'exercer seul à ma fantasque escrime,
Flairant dans tous les coins les hasards de la
rime,
Trébuchant sur les mots comme sur les pavés,
Heurtant parfois des
vers depuis longtemps rêvés.

Ce
père nourricier, ennemi des chloroses,
Eveille dans les champs les vers comme les roses ;Il fait s'évaporer les soucis vers le ciel,
Et remplit les
cerveaux et les ruches de miel.
C'est lui qui rajeunit
les porteurs de béquilles
Et les rend gais et doux comme
des jeunes filles,
Et commande aux moissons de croître et de mûrir
Dans le coeur immortel qui toujours veut fleurir !

Quand,
ainsi qu'un poète, il descend dans les villes,Il ennoblit le sort des choses les plus viles,
Et
s'introduit en roi, sans bruit et sans valets,
Dans tous les hôpitaux et dans tous les palais.


1ère strophe :

cadre : « vieux faubourg » : lieu en marge, à la frontière de la ville et de la campagne
« fantasque escrime » = écriture poétique = combat, déambulations, errance solitaire (« seul »)
« heurtant » esthétique du choc : - esthétique moderne, rapport au réel
- montre la difficulté de la création poétique
→ poète doit se laisser guider par les difficultés
allitération en « R » = impossible à prononcer
    = impose une lutte au lecteur (vers 3)
= quête de rudesses extérieures
portrait d'un poète marginal, décalé, ironique, maladroit, « trébuchant »
comparaison poésie / ville

2ème strophe :

« ce père nourricier » = « soleil cruel » : contradiction de l'évocation du soleil
enchaînement syntaxique complexe et peu cohérent
univers bucolique et champêtre (antiquité : Virgile)
Soleil engendre la vie, vitale, « Il fait s'évaporer les soucis vers le ciel », principe créateur (« père », « éveil »…)
choc de voc : lexique prosaïque : « cerveaux », « rose »
lexique médical = lieu bucolique
« porteurs de béquilles » ↔ « jeune fille » = caricaturale / exagération / éloge ironique
prend des clichés de la poésie il s'en moque
3ème strophe :

bilan – synthèse
poème sinueux = hésitation
comparée : soleil ↔ comparant : poète
→ noblesse du soleil 2ème strophe profite au poète
→ Baudelaire propose une nouvelle vision de la création poétique
→ comme le soleil, le poète peut transfigurer la réalité (V 18).
« il ennoblit le sort des choses les plus viles » = la vraie valeur de la poésie pour Baudelaire

contradiction : - 1ère strophe : heurte les mots
- 3ème strophe : facilitée « s'introduit en roi… »
Poète marginale : il n'est personne et peut donc être tout le monde
→ fier d'être poète
capable de parler au nom de toute l'humanité
→ être à l'écart de la société devient ici un atout

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