dimanche 30 juin 2013

Lecture analytique de l'excipit d’Un roi sans divertissement :

Un récit complexe et exigeant
« On ne voit jamais les choses en plein… »

Contexte (de l’écriture):
- Guerre a beaucoup marqué Jean Giono, accusé de collabo avec les all durant la G, à cause de ses prises de position pacifistes et de son désir de retour à la terre
- « Un roi sans divertissement » => 1ere œuvre de Giono après la G et diverge beaucoup de ses œuvres précédentes (regard est plus sombre qu'auparavant, réflexion sur la barbarie et le mal)
- J. Giono est fils d’un immigré Italien établit à Manosque
- Il s’est beaucoup consacré à l’accueil des nouveaux arrivants
- D’abord employé de banque et ensuite ses livres ont été édité
- Souffrait de l’étiquette qu’il avait avant et après la G donc gardait une position de retrait par rapport à la société qu’il critique beaucoup
Interrogation finale :
- Question : «  Qui a dit : Un roi sans divertissement est un homme plein de misères ? »
=> élargit la portée du récit à dimension philosophique et morale
=> Implicite à récit qui fonctionne par indices = travail d’interprétation
=> dernier indice, dernière clé de lecture pour comprendre le sens du récit et de l’acte de Langlois
=> Cette question contient 2 niveaux de « devinette »
- citation à qui a dit cela ? => Blaise Pascal
- rapport entre cette citation et l’aventure de Langlois
- Citation = élément de clôture à explication du titre
                = élément d’ouverture à question , donne des indices pour y répondre => construit forte complicité avec le lecteur en faisant appel à son intelligence
Un récit polyphonique :
Identifiez les différentes voix narratives présentes dans l'excipit. Que révèle ce mode de narration sur les intentions de l’auteur ?
·      Les 3 différentes voix narratives
- récit cadre = récit emboîté
- = mémoire de 3 personnages qui vont raconter l’événement = 3 filtres entre le véritable récit et le lecteur
- 1er niveau de narration : Anselmie
-       Elle assume la plus grosse partie du récit et détient le plus d’informations sur l’événement
-       Manque de vocabulaire : Qualité d’expression moindre
langage de paysan propre à son milieu qui donne de la couleur au texte
→ Au début : ne veut pas parler, elle est poussée dans ses retranchements «  Bien oui, c’est tout » l 35
→ Pas assez de voc pour dire ce qui s’est passé de manière explicite
→ Pa de nuances dans ses propos
→ Se contredit : « - il avait une voix en colère » « -il était en colère ? »
« -pas du tout. »
→ Répétition : essaie de décrire Langlois avec les mots :«  colère » (« il était en colère » l 6, «  une voix en colère » l 9 ), « rigolo », « gentil » « il était comme d'habitude »
(perso limité) pourtant c elle le témoin-clé (c'est la dernière à avoir parler à Langlois)
→ Déroute, va à l’encontre de nos habitudes de lecture
-       Ne comprend pas l’enjeu ni la dimension symbolique de l’interrogatoire : elle raconte tout, incapable de faire le tri (discours pleins de choses inutiles), elle ne hiérarchise pas les informations qu'elle détient enfermée dans la lecture de l’événement → Réponses décalées :« - Dans la neige ?  - Oh ! il y en avait si peu. » l 45-46
-       Il faut lui arracher les informations, la vérité a du mal à émerger
=> dimension comique de l’interrogatoire
=> tensions dans le contraste entre celle qui ne veut pas parler («  Bien voilà, dit Anselmie, … c’est tout » l 33 ) et ceux qui veulent tout savoir (« Eh bien ! parle »)
- 2nd niveau de narration : le groupe de vieillards
- Les habitants du village et témoins des événements :
=> nombreux, mènent le dialogue comme un interrogatoire
=> identité collective du narrateur (voix narrative interne : à la fois narrateur et personnage de l’histoire « lui demandâmes nous »)
=> habitants du village = groupe de vieillards ms adultes au moment des faits et là ils racontent l’histoire à quelqu’un d’autre
=> l’événement est rapporté bien plus tard, longtemps après qu’il est eu lieu.
=> raconte à un descendant de l’une des familles du village, revenu sur les lieux pour en savoir +
- 3ème niveau de narration : narrateur principal
-       N’a pas vécu à l’époque de Langlois (narrateur externe)
-       Il reconstitue l’histoire à travers des témoignages → histoire pas complète ni totalement vraie
-       Narrateur externe mais pas omniscient => ne sait pas tout : « ce qu’il dut faire » l 68 (supposition)
-       Il s’exprime à partir de « Eh bien ! » l 68

·      L’apport et la différenciation de ces voix narratives
- polyphonie => sollicite l’intelligence du lecteur
→ il faut comprendre comment le récit s’organise
→ multiplicité des voix narratives et des registres / niv. de langage de chq narrateur perd le lecteur
→ le lecteur doit rester actif pour savoir qui parle pas de guillemets pour différencier Anselmie / vieillard / narrateur principal
- indices qui montrent le changement de narrateur è changement de langage
=> langue écrite, soutenue
=> figures de style = multiplication des images « les dimensions de l’univers » l 80, elles orientent notre lecture
=> elles montrent la dimension noble, de sacrifice dans le geste du personnage
- Un récit de témoignages nocturne et lacunaire :
  • Construction d'un récit qui nous éloigne du perso centrale
    → personne ne le connaît vraiment
    → suicide sans témoin direct
  • Honnêteté du romancier : G. ne nous dit rien de + que ce qu'il est possible de savoir
  • Récit qui suggère plutôt qu'il n'explique = modernité et remise en cause
  • Peuvent n’être que partiels et impossible de savoir si fiables
→ Pas entière vérité sur l’événement => pas de point de vue omniscient, Giono s’en tient à un homme qui doit chercher des indices par-ci, par-là  = une partie de la vérité se perd s’égare et une part de mystère reste
  • Maintien une distance entre l’événement et le lecteur
  • Obligation de se fier à des témoins crée un vide, un manque
  • Pas de témoignage de Langlois => apparaît seulement de loin, il est décrit et présent à travers le récit des différents « témoins »
  • Focalisation interne à chaque narrateur è partage les pensées du narrateur principal
Langlois : Un héros malgré tout
Comment G. fait-il du suicide de Langlois un acte héroïque ?
·      Un acte symbolique valorisé, exalté par la narration
ð Emploi d’images poétiques ayant une gde importance
→ « l’énorme éclaboussement d’or » l 78-79
→ « la tête de Langlois, qui prenait, enfin, les dimensions de l’univers » l 80-81
=> délivrance
=> contrebalance avec la violence de l’acte
- Lexique confère au suicide un caractère beau et noble (poétisaton)
→ « Mort » , « Suicide » = mots jamais employés
- Valeur morale très forte, presque métaphysique, mystique, religieuse
- Surprise du lecteur (dynamite ≠ cigare)


· Un acte nécessaire qui en devient presque naturel
- Caractère exceptionnel
- = désespéré
- Langlois a une pleine maîtrise de soi => assurance => caractère héroïque
=> il est poussé par ses qualités et non par ses défauts
- Apparaît comme une preuve de courage
- Sa logique n'est pas la mm que celle des autres, ils ne peuvent pas comprendre
→ supérieur aux autres
- Il ne s'agit pas d'un suicide mais d'un sacrifice part de lui-mm se rebelle, ne s'accepte pas)
→ Héros rongé par le mal mais décide de vaincre ce mal => acte héroïque
- Tt au long de l'histoire, il lutte contre le mal en tuant le brigand et le loup puis se rend compte que de ce fait lui aussi est le mal (il a tué) et par son suicide il achève de « purger » le monde
- Langlois => part de folie, de cruauté (contemple le sang de l’oie durant des heures) => volonté de vaincre cette folie (pour le bien des autres alors que c’est le plus solitaire => il protège le village)


- Pas de différences dans l’attitude de Langlois => très froid et posé
=> acte tellement nécessaire que impression de naturel


Bilan:
     Complexité narrative : Récits emboîte : distance lecteur / perso. Ppal
     Polyphonie : « Opéra Bouffe » (opéra comique) =>Travail d’écrivain sur la matière de la langue
     Intertextualité : (Chrétien de Troyes, Perceval et Les Pensées de Blaise Pascal



1 commentaire: